Laughing Hole

2006
Performance/ Danse/ Installation L’installation-performance Laughing Hole fut inaugurée à l’Art Unlimited de Art Basel 37, en Suisse, en 2006. Une de ses représentations dura six heures, la rendant la plus longue pièce de La Ribot. Suivant Jaime Conde-Salazar, il s’agit là également de son travail le plus ouvertement politisé : une expression de colère et de […]

Performance/ Danse/ Installation

L’installation-performance Laughing Hole fut inaugurée à l’Art Unlimited de Art Basel 37, en Suisse, en 2006. Une de ses représentations dura six heures, la rendant la plus longue pièce de La Ribot. Suivant Jaime Conde-Salazar, il s’agit là également de son travail le plus ouvertement politisé : une expression de colère et de dégoût face à « la prison illégale de Guantanamo et à toute l’opération idéologique qui l’accompagne ». Trois femmes portant des blouses de travail trient des centaines de pancartes en cartons qui, texte face au sol, jonchent l’espace de la performance. Une par une, elles disposent les pancartes et les affichent contre le mur, remplissant l’espace de phrases décousues, souvent politiquement tendancieuses, telles que « meurs ici », « anonyme à Guantanamo », « trou brutal », « Gaza party », « mort secrète », « spectateur de merde », « immigrant à vendre » ou « terreur impuissante ». Les danseuses rient de façon continue mais, à mesure que la fatigue s’installe, de façon de plus en plus désespérée. Un artiste sonore travaille également à enregistrer et à modifier électroniquement les rires, amplifiant par là l’atmosphère déjà conflictuelle de l’œuvre.

Le « rire obsessionnel et hystérique » de Laughing Hole « rappelle inévitablement le rire de Hannah Arendt » lorsqu’elle est confrontée à la « banalité du mal » durant le procès de Nuremberg, comme le suggère Conde-Salazar. Selon lui, la critique qu’apporte l’œuvre met en branle une oscillation entre des moments de rire véritablement hédoniques et une hilarité forcée, davantage jouée que ressentie. L’historien de la danse Ramsay Burt voit la dynamique de la pièce un peu différemment ; pour lui, la longue tenue du rire par les danseuses montre qu’« ils n’expriment pas de motivation psychologique mais […] exécutent une tâche », dénaturant ainsi le rire et mettant en scène « une interruption prolongée du discours de la communication corporelle ».

Le rire de la pièce correspond également à un geste dissident dirigé contre l’imagerie verbale déshumanisante des mass media. Faisant écho à la brutalité des titres des tabloïdes, les textes de Laughing Hole protestent non seulement contre les abus de l’Occident bafouant les droits de l’homme, mais également contre la manière dont les médias les présentent aux citoyens au nom desquels ils sont perpétrés.

crédits

Premiere June 12th 2006 at Art Unlimited – Art Basel 37 (Switzerland) Produced by Galería Soledad Lorenzo, Madrid, Spain. Written and Directed: La Ribot. English translation with Catherine Phelps. Sound Design: Clive Jenkins. Performers since 2013: Ruth Childs, Tamara Alegre, Olivia Csiky Trnka and Fernando de Miguel. Original Performers: Marie-Caroline Hominal, Delphine Rosay, La Ribot and Clive Jenkins. In year 2011 Residence Project at Theatre PoleSud Strasbourg France with Beatrice Beaucaire, Naton Goetz, Marjorie Burger-Chassinet and Gaetan Gromer. La Ribot is supported by La Ville de Genève, La République et Canton de Genève, Pro Helvetia Swiss Arts Council, and La Loterie Romande. Many thanks to Sophie Alphonso, Yan Duyvendak, Michel Hamerski, Nelson Jimenez, Gilles Jobin, Sylvie Kleiber, Yann Marussich, Daisy Phillips, Ruth Childs, Ursula Achternkamp, Victor Roy, Pablo Jobin, Karine Vintache, Maria-Carmela Mini, Mélanie Rouquier, Soledad Lorenzo.Thanks to Magda Ptasznik as performer. 

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