Traveling Olga / Traveling Gilles

2003
Vidéo Traveling Olga/ Traveling Gilles, 2003, poursuit les expérimentations antérieures de La Ribot sur la caméra au poing et le plan-séquence (voir Despliegue, 2001) dans une nouvelle direction, plus explicitement chorégraphique. L’œuvre présente quatre séquences, réalisées en une seule prise, filmées dans chaque cas par le performeur. On y retrouve Olga Mesa et Gilles Jobin. […]

Vidéo

Traveling Olga/ Traveling Gilles, 2003, poursuit les expérimentations antérieures de La Ribot sur la caméra au poing et le plan-séquence (voir Despliegue, 2001) dans une nouvelle direction, plus explicitement chorégraphique. L’œuvre présente quatre séquences, réalisées en une seule prise, filmées dans chaque cas par le performeur. On y retrouve Olga Mesa et Gilles Jobin. Ces deux films sont le fruit d’une collaboration intensive : le travail de la caméra, le visionnement, les modifications et les corrections menant à de nouveaux essais, chaque film a nécessité cinq jours de tournage et au moins une trentaine de prises. Pour chaque film, la stratégie est globalement la même, mais appliquée à deux sujets dansants différents et dans deux lieux contrastés.

Les lieux furent choisis en fonction de leur rapport avec chaque performeur. La Ribot travaille silencieusement la nuit dans son propre salon, le reste de la famille dormant profondément. Mesa, originaire des Asturies pluvieuses, devient folle dans un jardin anglais hivernal, froid et mouillé ; habillée d’un pull-over rayé aux couleurs joyeuses et détonantes, elle titube de façon paranoïaque sur le gazon boueux puis s’effondre à la porte d’une cabane, ses jambes nues écorchées et éclaboussées d’herbe et de saleté. Jobin s’essaie finalement à un plan chorégraphique de son cru au sein d’un décor construit pour l’occasion et destiné à repousser les ambiguïtés de la caméra portée jusqu’à ses limites. Les parois et le sol sont recouverts de photographies murales de mauvais goût représentant des forêts, des lacs alpins et des montagnes. Lorsque la caméra les « survole », ils se transforment en une boîte richement colorée d’astuces visuelles : un lac bleu devient un ciel et les arbres de la forêt en automne se muent en un tapis sur lequel on marche.

L’entracte mélancolique pop de l’Acte III du Carmen de Bizet est joué tout au long des deux épisodes, ses bois aux tonalités sirupeuses leur conférant un caractère ironique et insufflant au procédé un aspect faussement réconfortant. Cette humeur incertaine résonne parfaitement avec la désorientation qu’engendre la caméra mobile et portée, qui semble alternativement être avec et contre le corps du performer. Elle apparaît parfois comme une alliée de la personne qui danse et même une extension de ses activités conscientes. A d’autres moments, c’est un démiurge accablant et instable – une engeance intrusive et curieuse : un défi à l’idée d’une division nette entre une cinématographie « objective » et « subjective ».

crédits

Diptych Traveling Olga/ Traveling Gilles. 2003

Duration: 4mi.  Written and Directed: La Ribot. Corps-opérateurs: Olga Mesa/ Gilles Jobin. Music: Opera Carmen by Bizet (Entre Act III)Video. Mastering: Angel Zoido. Technical Assistant: Daniel Miracle Production Manager: Eduardo Bonito and Jo Hughes. Produced by 36 Gazelles-La Ribot, London, with the support of Arts Council England. An Artsadmin associated project.

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