Gustavia

2008
Spectacle / Danse / Théâtre Conçu et interprété par La Ribot avec la danseuse et chorégraphe française Mathilde Monnier, Gustavia, 2008, a été décrit comme un « duo burlesque », mais il y a bien plus que cela. Des appareils burlesques y sont certes convoqués – un épisode de slapstick, par exemple, comprenant des chutes, des collisions […]

Spectacle / Danse / Théâtre

Conçu et interprété par La Ribot avec la danseuse et chorégraphe française Mathilde Monnier, Gustavia, 2008, a été décrit comme un « duo burlesque », mais il y a bien plus que cela. Des appareils burlesques y sont certes convoqués – un épisode de slapstick, par exemple, comprenant des chutes, des collisions et de quelques« lattes en bois » faits de mousse. Il y a aussi un drôle de « striptease » dans lequel Monnier et La Ribot dénudent à plusieurs reprises leurs genoux seulement. Pourtant, si la principale caractéristique du burlesque est de malmener le sérieux, Gustavia va dans le sens contraire. Éloignant ses artifices comiques en recourant à de longues répétitions et via d’autres stratégies, cela peut devenir intrigant, abrasif et même énervant à regarder. Un programme important est en jeu : Gustavia offre une critique féministe complexe aux demandes faites aux femmes de « jouer » leur genre de façon satisfaisante – à la fois au théâtre et dans la vie de tous les jours.

Grâce à leurs costumes de danse noirs identiques, leurs formes fines et leur teint pâle, Monnier et La Ribot ressemblent à des jumelles. Certains critiques les ont prises pour le double portrait de Gustavia, confondant l’héroïne et l’œuvre. « Gustavia » pourrait néanmoins être conçu comme un nom générique, plutôt qu’une identité féminine spécifique, la relation entre les deux protagonistes étant par ailleurs très changeante. Elles se tiennent comme des jumelles, des doubles, des divas en compétition, un duo comique – et lorsque La Ribot se met en action avec les lattes en polystyrène, frappant à plusieurs reprises Monnier, elles se muent en étrangères, ignorant vraisemblablement la présence de l’autre.

La dernière section de Gustavia voit Monnier et La Ribot donner un long duologue fait de phrases commençant toutes par les mots « Une femme… ». Certaines déclarations sont banales (« Une femme ferme sa porte avec une clé ») tandis que d’autre possèdent une dimension absurde (« une femme a trois seins »), mais elles exploitent toutes l’ambiguïté du fait qu’elles décrivent soit une femme en particulier soit qu’il s’agit d’une affirmation normative sur les femmes en général. Cette section est d’une drôlerie certaine, bien qu’elle là aussi implique un certain sérieux : que la performance de la féminité engendre un continuum de demandes sans fin et sont souvent sottes, conflictuelles ou simplement impossibles à accomplir. Sondant les états d’esprit lugubres et des problèmes de politique de genre aigus, l’œuvre collaborative Gustavia est peut-être le message le plus sombre en date de La Ribot.

crédits

Premiere July 2th-4th 2008 - Festival Montpellier Danse 08, Montpellier, France. Duration: 60min Written and Directed: Mathilde Monnier and La Ribot. Performers: Mathilde Monnier and La Ribot. Lighting Design: Eric Wurtz. Sound Design: Olivier Renouf with music of Mouse on Mars, Square Pusher, Christian Vogel et Matthew Ship. Costumes: Dominique Fabrègue assisted by Laurence Alquier. Stage Design: Annie Tolleter. Coproduction: Festival Montpellier Danse 2008, Centre Pompidou - Les Spectacles Vivants / Festival d’Automne à Paris / Théâtre de la Ville - Paris, Centre de Développement Chorégraphique – Toulouse / Midi-Pyrénées, Fundação Caixa Geral de Depósitos - Culturgest - Lisbon, La Comédie de Genève, Mercat de les Flors - Barcelona. For this project, La Ribot - Genève is supported by Pro Helvetia – Swiss Arts Council, la Ville de Genève – Département de la culture and la République et Canton de Genève.

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