Premier 26 November 1992 at Teatro Pradillo, Madrid. Written and Directed: La Ribot. Performers: David Bernardo and La Ribot. Music: Alvaro de Cárdeas. Other music: Españolas de los siglos XV, XVII; Jota interpreted by Fernando Palacios. Light Design: Cora. Video: Angel Hernandez and Alfonso Parra. Costumes: Almudena Ribot in collaboration with Pepe Rubio. Stage Design: Almudena Ribot. Photography: Jaime Gorospe. Executive Producer: Angel Varela. Production Assistant: Gonzalo Ribot.
Spectacle/ Danse/ Théâtre
El Triste Que Nunca Os Vido, est un duo pour une femme et un homme, créé par La Ribot et David Bernardo au Teatro Pradillo de Madrid. Par la suite l’acteur Juan Loriente et le danseur Juan Domínguez, tous deux collaborateurs de longue date de La Ribot, ont recréé le rôle masculin.
Lorsque le public entre dans le théâtre au début de la pièce, les deux interprètes se joignent à eux et progressent à l’intérieur de manière lente et élaborée. Prévoyant des excentricités à venir, La Ribot porte une « tenue de soirée » faite de papier bulle en plastique, et agite continuellement la main comme un geste royal et abstrait ; comme en dehors de la réalité. A côté, le rôle de son partenaire est ambigu : il peut s’agir d’un mari jaloux, d’un impresario qui montre sa « diva » à la foule, d’une infirmière psychiatrique, d’un gardien de prison, ou même d’un entraîneur de cirque qui pousse une bête de scène sur le ring. Leur relation dérangeante et aliénée est au cœur de ce spectacle de 45 minutes.
Dans un passage, La Ribot se tord sur le sol dans une série de mouvements serpentins fluides mais désespérés, tandis que son partenaire, assis sur un tabouret à proximité, la regarde avec une quasi-indifférence. Dans un autre moment, il lance périodiquement un recipient en plastique vide dans sa direction : dans un geste cruellement inhumanain. Vers la fin de la pièce, il habille La Ribot d’une sorte de tenue de plongeur. Le visage dissimulé sous un masque de plongée et un tuba, il surveille ses actions alors qu’elle s’écrase à plusieurs reprises et douloureusement contre un piano droit, produisant des éclats sonores saccadés.
El triste que nunca os vido a été en partie inspiré par la vie tragique de « Juana la Loca » – Jeanne la Folle (1497-1555) – l’énigmatique reine de Castille, qui a longtemps souffert, officiellement déclarée folle et, pendant près de cinquante ans, emprisonnée dans un couvent. L’œuvre a été créée l’année même où l’Espagne commémorait le cinq-centième anniversaire de l’arrivée de Colomb dans le Nouveau Monde et accueillait les Jeux Olympiques de Barcelone et l’Expo 92 à Séville. Sa projection imaginative dans le monde cauchemardesque de la reine prisonnière oubliée se voulait en partie un correctif aux récits historiques unilatéralement festifs qui proliféraient dans les médias populaires.
El triste que nunca os vido existe désormais à distance de son contexte d’origine et n’est visible qu’en vidéo. Néanmoins, sa représentation de la dislocation mentale, de l’aliénation et de la cruauté humaine continu d’affecter et de déranger.